Description

La Belgique est un laboratoire singulier, toujours à l’épreuve de sa diversité ; à la fois celle préexistante à la création de l’État belge entre Flamands et Francophones, mais aussi celle liée aux migrations. Elle est en quête permanente d’une formule du vivre ensemble, parfois mise à mal par les signaux de repli identitaire ou de discrimination des minorités.

La forte présence, à tous les niveaux de l’enseignement, d’une population issue de l’immigration est une donnée majeure et un atout en Belgique. Nos jeunes sont aujourd’hui demandeurs d’une histoire qui intègre leur origine et la contribution de leurs parents au mieux-être des sociétés européennes. L’institution scolaire est ainsi devenue une école de l’altérité, et requiert des professeurs d’altérité.

Vivre ensemble et faire ensemble passent nécessairement par la valorisation et la reconnaissance de l’autre. Les ignorances réciproques freinent les expériences de vie en commun, le respect et le bien-être de toutes et tous. Cette reconnaissance doit notamment prendre la forme d’un enseignement de l’histoire de l’immigration, et rappeler ce que l’on doit aux autres et à l’apport des immigrations et des émigrations.

En Belgique, plus de 400 000 personnes sont issues de l’immigration marocaine et cette présence est bien antérieure à 1964, date de la signature de la Convention pour l’occupation des travailleurs marocains. Depuis le début du 20e siècle, ces hommes et ces femmes ont contribué, en Europe, au combat et aux efforts de guerre des deux conflits mondiaux, puis à la course au charbon et aux industries, moteurs indispensables de notre économie. Aujourd’hui, ils contribuent activement au développement social, culturel et économique du pays.

En Belgique, ils ont également joué un rôle déterminant pour la croissance démographique et, ici et là-bas, ils ont lutté pour l’égalité et la reconnaissance des droits humains.

À l’heure où les personnes de « la première génération » laissent doucement la place aux suivantes, choisissant dorénavant d’être inhumées en Belgique, l’une des ambitions de cette exposition est de les sortir de l’oubli.

Il est essentiel pour leurs descendants comme pour nous tous, de leur témoigner notre reconnaissance en leur octroyant une place dans nos livres d’histoire. Leur récit est devenu notre récit commun et a forgé notre destin collectif.

Ahmed Medhoune, Andrea Rea, Fatima Zibouh
Commissaires de l’exposition et de la publication « Belgica Biladi »